Tombe la vie

Pluie. Elle tombe. Sur mon coeur. La haine me submerge. Les éclaircies se font rares. Il fait froid et je tremble. Il ne devait pas pleuvoir ce soir. Les étoiles deviennent noires, comme mon âme meurtrie. Les flocons de neige tombent autour de moi, glacés. Le vent emporte le peu d’amour qui me restait. L’orage gronde, mon cœur pleure, mes yeux se ferment brièvement.

Dans le brouillard, je revois nos jeux, nos amours, nos ruptures tempétueuses. J’entends encore ses rires, sa voix rauque, son souffle, ses adieux soulagés. Je tourne sur moi-même tandis qu’un éclair me frôle, j’ai peur. Le cœur en l’air, les larmes par terre, j’entends encore la fin terrible. Tourne, tourne et tourne encore le manège de ma vie, dans le torrent du ciel grondant. Je savais que son magnétisme se consumerait à la vitesse de la vie, qu’il mourrait bientôt. Je l’aime encore, je l’aimerais toujours ; l’orage se fait plus fort, les grêles me flagellent. La mort me semble une douce consolation à côté des éclairs de haine qui me brûlent doucement les veines.

Je décide de lâcher prise, lâcher le parapet, laisser la cascade aux eaux noires sous le pont m’emporter au loin. Tombe mon corps, tombe mon âme, tombent mes espoirs et tombent mes larmes salées, pleines de tristesse et de regrets amers. Les eaux m’emportent sous l’orage, celui du ciel et celui de mon cœur alors que les étoiles s’allument enfin.